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Une fille à la Vanille
15 mai 2012

Alter-ophage

On est tous l'étranger de quelqu'un, étranger l'un de l'autre, l’un à l’autre, l’un dans l’autre. Dévorer l'irréductible altérité et chercher sans cesse comment faire suture entre deux êtres, en tamponnant les chairs, en cousant les peaux ensemble, en mélangeant les fluides, se gouter, s'avaler. Se réinventer chaque nuit. Devenir une toile blanche sur laquelle projeter une image idéale de soi, s'imaginer dans le miroir de leurs yeux, le temps d'un Week-end.
Conduite addictive de quelqu'un qui ne veut pas se retrouver seule face au miroir, quand ça coince un peu aux entournures. Encornures de ceux qui ne savent pas que je mélange les histoires chaque soir. Dévorée à l'hôtel et noyée dans la piscine je décolle à moto sur les routes. Ne laisser aucune chance qu'ils s'attachent à "celle que l'on n'attache pas". De la poudre aux yeux.

Je redeviens moi même dans cette maison branlante, habitée par des fous. Des yules qui courent au plafond, un chat soi-disant minuscule qui se comporte comme un chien, est devenu si gros à force manger dans toutes les gamelles qu'il fait craquer le parquet. Et roucoule. Un autre handicapé, neurasthénique, mal sevré, et roux par dessus le marché. Qui tète ton doigt toute la journée, à 10 ans passés. Et la vieille, aveugle et incontinente, 19 ans, une éternité pour un chat. Ces trois là qui me veillent toute la nuit, dans mon petit lit. Et les deux chiens, un Django noir d'encre et le loup qui fascine. Et que dire de ses habitants. Les deux Romains, inséparables malgré leurs 10 ans d'écart. Comme un père, un frère et un ami à la fois, ce sont les hommes de la maison, cuisinent, bricolent et roulent les joints. Et puis nous, les deux princesses aux lits mités, qui n'avont jamais sommeil. Ils m'ont fait une place dans leur folie, sans rien me demander, et je les en remercie.

 

 

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